Conclusion
Le mot stratégie est très employé pour se rapprocher des militaires, tout le monde veut être commandant en chef … mais les théories des militaires sont bien plus avancés que celles des entreprises … Ce qui est dommage, les idées d’être offensif, créer des surprises, … devraient être des enjeux importants hors on constate au contraire dans la plupart des entreprises un grand attentisme, la négation du risque, la planification à outrance, la recherche et le stockage de masses d’informations non utilisées… qui sont a l’opposés des expériences des militaires dans le temps. L’alignement qui semble aller de soi sur la façon de faire de l’armée américaine, c’est oublié que le doctrine considère être en situation de force très favorable quel que soit le théâtre d’opération… Ce n’est pas le cas dans les entreprises ou ces doctrines sont mortifères.
sur un chapitre consacré à la stratégie dans l’économie :
“La différence entre le conflit violent et la concurrence se trouve ainsi mise de coté. La plupart des auteurs de gestion préfèrent résoudre le problème en l’évacuant purement et simplement. C’est l’une des caractéristiques les plus remarquables de la surabondante littérature sur la stratégie d’entreprise que sa discrétion sur l’épistémologie de son concept fondamental : on parle de planification stratégique, on multiplie les modèles stratégiques … sans trop chercher à analyser le passage de la Business policy au Strategic Management.
On trouve, certes, des auteurs qui poussent plus loin l’exigence théorique. Anne Marchais Roubelat a ainsi tenté une comparaison systématique des 2 types de stratégie. Mais elle met surtout en evidence une différence profonde, irréductible : l’entreprise secrète sa propre finalité, qui est le profit, tandis que la stratégie est dépendante d’une finalité extérieure : la victoire n’est qu’un moyen pour parvenir à des fins politiques.
En sens inverse, l’entreprise est tenue, comme dans toutes les situations de concurrences ou de compétitions, par des règles qui lui sont extérieures (lois anti trust, droit de la concurrence, protection des consommateurs…), tandis que la stratégie n’obéit qu’a ses propres règles[...]. On doit ajouter que la prétendue stratégie d’entreprise se caractérise par un fonctionnement plus statique que la stratégie militaire : alors que la seconde doit constament s’adapter aux réactions de l’ennemi, la première dispose d’une marge de liberté plus grande : l’entreprise observe naturellement ses concurrents, mais elle n’est pas tenue de les suivre dans leurs tentatives de diversification ou d’innovation ; son adaptation à l’action de la concurrence n’empêche nullement les protagonistes de s’approvisionner chez les mêmes fournisseurs [...]
Si l’on ajoute ces opposions à celles sur le duel logique ou le jeu à sommes nulle, l’homologie entre la stratégie militaire et la stratégie d’entreprise parait bien artificielle. La stratégie d’entreprise s’est néanmoins, à ce point rependue qu’il est désormais illusoire de prétendre nier son emploi. Mais il ne s’agit que d’une métaphore, qui témoigne de l’incapacité de la micro-économie à renouveler ses propres concepts.”
Les militaires ont également mis du temps avant d’obtenir des théories, Clausewitz me semble être le premier a sortir de la listes d’anecdotes et d’essayer de faire une vraie théorie qui tiennent. On peut laisser quelques années de plus au monde économique…
Le modèle VIP (valeur – imitation – périmètre) me semble relativement simple et tout aussi productif.
Il ne me semble pas que les entreprises y soient parvenues pour le moment a créer quelque chose de commun et partagé sur la théorie (les différences de doctrines sont connues, expliquées…). En même temps l’enjeu n’est pas le même. Les militaires gagnent en efficacité car les ordres peuvent être plus brefs grâce a un vocabulaire commun assez riche, ce vocabulaire est largement partagé d’autant que la plupart des ordres (fixer, contourner…) sont valides a de nombreuses échelles (en entreprise je vois moins ce partage de concepts a différentes échelles et de gains en efficacité qui pourraient être lié a un partage de doctrines sur le sujet…).
Le grand point commun est l’incertitude. La micro économie a essayé de sortir les entreprises de l’incertitude, la théorie des jeux et la pratique les y ont fait revenir… Je conseille le livre ‘les stratégies de l’incertain’ de ‘Havard Business School’ sur le sujet mais qui n’est pas un livre théorique mais plus un ‘art de la guerre’ c’est à dire une suite d’exemples instructifs (ce qui n’est déjà pas si mal !).
Les militaires ayant réalisé un vrai travail d’analyse des comportements, la gestion de l’incertain, des organisations … de nombreuses idées sont à connaître comme source d’inspiration.
Par rapport a votre modèle, j’aurais tendance a considérer l’espace a occuper comme l’espace des besoins et les produits comme des armes pour l’occuper. Ca oblige a s’intéresser à l’occupation du terrain non occupé plutôt que d’aller sur un terrain encombré (bonjour l’attrition..), la différenciation et la technologies en découlent alors – je pense – assez facilement comme moyens d’aller l’occuper …
Sur la notion de prix on peut en discuter pendant longtemps, voir Frederic Lordon : , on est très éloigné des fonctions d’offres/demandes…
On peut trouver de l’inspiration dans des émissions comme celle avec un cuisinier anglais ‘Ramsay’ qui se donne quelques jours pour remettre en ordre de marché des restaurants. Je pense que c’est à voir. Son approche est presque toujours la même : simplifier le menu, simplifier le menu et le simplifier encore… ce qui simplifie la production, améliore le service et généralement il leur fait mettre de meilleurs produits. Ensuite il fait de la promo dans la rue.
Ce qui m’intéresse c’est que la simplification est toujours au cœur de son action. C’est typiquement une option a traiter pour une entreprise mais c’est assez difficile (abandonner ses plats semble difficile pour les cuisiniers ! un vrai déchirement à chaque fois).
Steve Jobs avait appliqué la même recette lors de sa reprise en main d’Apple, il a commencé par simplifier le catalogue pour le rendre plus lisible par les clients et ca a marché …
C’est typiquement le genre de sujet qui me semble intéressant a traiter dans une entreprise : comment simplifier son fonctionnement, ses produits … pour réduire les couts autrement que par des expédients ?
Les entreprises qui marchent s’y efforcent. Google a un processus ou ils demandent aux employés comment simplifier le fonctionnement de l’entreprise …
Les théories économiques ont des manques importants, la synthèse néo classique est non aboutie entre la micro et la macro économies… , on est donc en dehors de la science avec des théories contradictoires…
L’anomalie initiale est probablement que l’on aime designer des adversaires, conquérir… cela motive… pour autant est-ce efficace pour établir des modèles théoriques dans le cadre d’une entreprise normale ? comment traiter de la stratégie dans le cas des monopoles (ou quasi monopoles) ?
Le modèle VIP me semble mieux répondre à la pensée en entreprise.
Lorsque les entreprises disposeront de milices privées, il faudra certainement revoir ce point de vue mais n’est-ce pas prématuré de s’y atteler dés maintenant ?