FOURNIR DES REPERES

Nombreux sont les enfants maltraités qui souffrent de vivre dans un monde sans repères.

Par exemple, Samira Bellil, qui a grandi dans une famille sans amour et qui a subi trois viols collectifs, témoigne : « Je souffre déjà de me construire sans repère, sans soutien, sans pouvoir le moins du monde discuter de mes efforts. Il me faut beaucoup de temps pour comprendre que je n’obtiendrai aucune aide de la part de mes parents et je me sens dans une grande solitude morale »

Le besoin d’un cadre structurant est essentiel pour la reconstruction des jeunes en souffrance, mais il ne fait que refléter une nécessité éducative concernant tous les enfants. Car l’idéal pour enfant est de grandir auprès de parents affectueux mais qui instaurent des règles et les font respecter. Ce qui nous montre qu’en fin de compte, les principes qui fondent la résilience n’ont rien d’extraordinaire, ce sont tout simplement ceux qui permettent à un enfant vivant dans un foyer « normal » d’être heureux.
Les connaissances que nous avons acquises sur la résilience des jeunes rejoignent ainsi celles sur le développement harmonieux des enfants de la population générale.

Des recherches ont d’ailleurs mis clairement cela en évidence. Dès la fin des années 60, Diana Baumrind établissait une typologie des styles d’éducation, essentiellement à partir de deux attitudes : la chaleur et le contrôle, ce qui l’a conduite à distinguer trois styles d’éducation : autoritaire, permissif et « autoritatif » (celui-ci croit que les enfants et les adultes ont des droits et des devoirs réciproques ; il tient compte des désirs de l’enfant, mais explique aussi pourquoi des règles sont nécessaires et des sanctions doivent parfois être prises).


Les enfants de ces trois catégories de parents ont tendance à percevoir le monde différemment les uns des autres.
L’enfant de parents autoritaires est anxieux et en retrait. Il réussit bien à l’école et respecte les règles sociales, mais a tendance à considérer le monde adulte comme un lieu hostile et injuste sur lequel il n’a aucun contrôle.
L’enfant de parents permissifs apprend très tôt qu’il sera récompensé, quoi qu’il fasse. Il n’intègre pas les concepts de bien et de mal, se rebelle lorsque ses désirs sont contestés et manifeste peu de persévérance dans les tâches difficiles.
L’enfant de parents autoritatifs fait généralement preuve d’une humeur heureuse et vivante. Il a confiance en son aptitude à réaliser les tâches qu’il entreprend, en arrive à considérer ses actions comme la cause des bonnes et des mauvaises choses qui lui arrivent. Il pense de façon indépendante et peut prendre ses propres décisions.