CREER DU SENS
Les événements traumatisants entraînent fréquemment des crises existentielles qui font émerger des interrogations sur le sens de la vie, de la souffrance et de la justice dans le monde.
Lorsque le drame atteint personnellement quelqu’un ou l’un de nos proches, se pose la question :
« Pourquoi cela arrive-t-il ? », et surtout « Pourquoi moi ? »
De nombreuses études ont en effet mis en évidence la fréquence de la question Pourquoi ?, quel que soit le traumatisme. Est-il bénéfique de se focaliser sur cette question ? Les connaissances actuelles à ce sujet sont encore incertaines. Certaines études montrent que les personnes qui se posent la question vont mieux que celles qui ne se la posent pas, d’autres le résultat inverse. La pire situation est celle où la personne rumine longtemps cette question sans jamais trouver de réponse.
Par exemple, une équipe de psychologues de l’université de Waterloo, dans l’Ontario, ont mené une recherche auprès de femmes adultes qui avaient été victimes d’un père incestueux dans l’enfance et l’adolescence . Une grande majorité d’entre elles se posaient toujours des questions comme : « Pourquoi est-ce arrivé ? » Les personnes qui n’avaient pas réussi à trouver de réponses à leurs questions ressentaient très douloureusement cette situation. L’une de ces femmes a notamment déclaré : « Je me demande toujours pourquoi, encore et encore, mais il n’y a pas de réponse. Je ne peux pas trouver de sens à cela, tout comme je ne pourrais en trouver à une tornade.
Ces événements arrivent, ils dévastent tout, puis ils repartent. Est-ce qu’ils servent un projet utile ? Non. Il n’y a aucun sens à en tirer. Cela ne devrait pas m’être arrivé, ni à aucun enfant. »
La résilience se manifeste lorsque la personne passe de la focalisation sur le passé au regard tourné vers l’avenir.
Ainsi, le rabbin Kushner, qui a perdu son fils jeune déclare : « Notre question “Pourquoi devons-nous ressentir de la douleur ?” devient “Que faisons-nous avec notre douleur pour qu’elle soit significative et pas seulement une souffrance gratuite, vide de sens ?” Comment faire en sorte que les expériences pénibles de notre vie nous transforment ou nous grandissent ? ».
Notons, à ce propos, une évolution intéressante des recherches sur le traumatisme.
Les psychologues ont décrit en détail l’impact négatif des drames de l’existence, ce qu’ils appellent le stress post-traumatique (cauchemars, angoisses, etc.). Mais depuis quelques années, se développe parallèlement des recherches sur la croissance post-traumatique . Ce n’est pas l’événement en soi qui conduit à la croissance, mais la lutte de l’individu avec cette nouvelle réalité à laquelle il est confronté.
La croissance post-traumatique n’élimine pas le mal-être, mais se juxtapose à lui. La personne tire des bénéfices de son expérience, mais ne nie pas ses difficultés. La croissance post-traumatique a été constatée dans des situations très diverses : deuil, maladies graves, handicap, accident de la route, incendie de maison, agression sexuelle, guerre, le fait d’être réfugié, kidnapping.
Cinq domaines de croissance post-traumatique ont été repérés :
plus grande appréciation de la vie et changement de priorités dans l’existence
relations plus chaleureuses et plus intimes avec les autres
sentiment plus grand de force personnelle
reconnaissance de nouvelles possibilités ou de voies dans la vie de la personne
changement spirituel.